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Micheline Montreuil
L'avocate, professeure et auteure transgenre la plus connue au Canada
Une vraie transgenre qui vit sa vie ouvertement comme elle l'entend


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Pourquoi suis-je devenue une transgenre?

Comment suis-je devenue une transgenre?

La naissance de Micheline Montreuil en 1986

De Travestie à Transgenre

Le mot Transgenre et l'échelle de Benjamin

Les conséquences pour Micheline Montreuil d'être devenue une transgenre

Micheline Montreuil brise les barrières en tant que transgenre


 
  
gif de micheline Née sous le signe des Gémeaux et du Dragon avec mes yeux bleus, mes longs cheveux blonds, mon allure classique, ma double personnalité et mon caractère bouillant mais gentil, mes amies m'appellent «La Fille du Dragon et la Princesse des Gémeaux».

Pourquoi suis-je devenue une transgenre?

C'est probablement la seule question à laquelle il n'y a pas de réponse logique ou certaine.

La seule réponse qui me vient à l'esprit est que je sentais au fond de moi que je désirais vivre de manière différente. Il me semblait que l'apparence que j'avais n'était pas celle que j'aimerais avoir.

Par exemple, une personne peut préférer vivre en ville et une autre à la campagne.

Une personne peut préférer travailler à salaire et une autre être à son compte.

Une personne peut préférer avoir des enfants et une autre ne pas en avoir.

Il peut y avoir un grand nombre de facteurs qui expliquent ces désirs mais cela n'est pas toujours évident.

De la même manière, un homme peut préférer vivre en homme et un autre peut préférer vivre en femme.

Vous allez dire que la comparaison est boiteuse mais elle représente quand même une certaine réalité.
 
 


Comment suis-je devenue une transgenre?

En 1965, à l'âge de 13 ans, j'ai mis mon premier soutien-gorge.

Pourquoi?

Par curiosité!

Je voulais savoir pourquoi une femme portait un soutien-gorge tandis que moi je n'en portais pas?

Je voulais savoir à quoi sert un soutien-gorge et cela je l'ai compris lorsque j'ai appris qu'une femme avait des seins tandis que moi je n'en avais pas.

Je voulais savoir ce que ressent une femme qui en porte un.

J'ai trouvé cela différent et intéressant.

Vers le même âge et toujours par curiosité, j'ai également mis mon premier jupon et mon premier costume de bain long.

J'ai également trouvé cela différent et intéressant.
 


En 1968, à l'âge de 16 ans, je me suis habillée complètement en femme.

Cela signifie que je me suis habillée avec un soutien-gorge, une petite culotte, des bas de nylon, une robe et des souliers à talons hauts.

Pourquoi?

Je sais qu'il s'agissait encore d'une simple curiosité d'adolescente.

Si au moins je m'étais habillée en femme pour l'Halloween, j'aurais pu sortir à l'extérieur, compléter cette expérience intéressante et ainsi en tirer des conclusions mais cela ne s'est pas produit.
 

Je voulais également savoir pourquoi une femme peut porter des tissus doux comme la soie, le satin, le nylon, etc. tandis que moi je ne peux pas en porter même si j'adore la douceur de ces tissus? Cela s'appelle de la sensualité.

L'attrait du fruit défendu est souvent très fort et après tout, je ne fais de mal à personne.
 

En 1975, à l'âge de 23 ans, j'ai fait son premier maquillage et ma première sortie à l'extérieur, de soir évidemment.

C'était une fantaisie, c'était amusant voire excitant. J'étais heureuse mais effrayée à la pensée d'être découverte.
 

En 1977, à l'âge de 25 ans, à Paris, je suis sortie habillée en femme à quelques reprises.

J'en ai également profité pour acheter quelques morceaux de lingerie pour augmenter ma garde-robe.
 

De 25 ans à 34 ans, je suis sortie habillée en femme à quelques reprises pour améliorer ma confiance et mon aisance mais toujours dans un relatif anonymat.
 


En 1986, à l'âge de 34 ans, je me suis posée la question existentielle fondamentale.

Qui suis-je?

Accessoirement, je me suis posée les autres questions existentielles traditionnelles.

D'où je viens?

Où je vais?

Pourquoi j'y vais?

Comment vais-je y aller?

Quel est le sens de la vie?

Pourquoi suis-je sur la Terre?



Je n'ai pas trouvé de réponses à ces questions, du moins, aucune réponse qui pouvait satisfaire ma curiosité.

Mais est-ce bien nécessaire de trouver une réponse absolue à ces questions?

Cependant, je me suis demandée si je n'aimerais pas plutôt vivre en femme qu'en homme car il me semblait que je partageais plus de points communs avec les femmes qu'avec les hommes.

Certes, je suis très différente de ce que je pourrais définir comme étant la "femme moyenne" mais je suis aussi très différente de ce que je pourrais définir comme étant "l'homme moyen".

De plus et pour être honnête, je me sens bien lorsque je suis habillée en femme.

Notez bien que cela ne signifie pas que je déteste être habillée en homme mais cela signifie que si j'ai le choix, je préfère être habillée en femme.

Je préfère porter une belle robe avec des bas de nylons et des souliers à talons hauts que de porter un veston, une chemise, une cravate et un pantalon.

Je me sens plus confortable, davantage moi, quand je suis habillée en femme.

Cela n'est pas une question de logique mais une question de sentiment, de mieux-être.


La naissance de Micheline Montreuil en 1986

En 1986, j'ai décidé que si je devais un jour et de manière plus progressive, plus importante ou plus permanente vivre en femme, travailler habillée en femme, sortir habillée en femme, voyager habillée en femme et finalement m'intégrer le plus possible au monde des femmes, il serait logique que je choisisse un prénom "traditionnellement féminin" pour m'identifier en tant que femme et ainsi donner un nom à celle que j'appelle affectueusement ma "soeur jumelle" ou mon alter ego.

J'ai choisi le prénom de "Micheline".

Pourquoi Micheline?

Je trouve que c'est un beau prénom féminin classique, pas trop courant, facile à prononcer, facile à écrire, qui sonne doux à l'oreille et qui donne un beau nom lorsque je le joins à mon nom de famille, soit Micheline Montreuil. Si vous avez le sens de l'humour, mes initiales sont comme des M & M.

J'ai donc commencé peu à peu à me procurer des cartes d'identité, des cartes d'abonnement, des cartes de crédit au nom de Micheline Montreuil et à ouvrir un compte de téléphone, un compte d'électricité, un compte de câblodistribution, un compte de banque, etc. au nom de Micheline Montreuil.
 


En 1992, à l'âge de 40 ans, Micheline Montreuil a commencé à sortir ouvertement habillée en femme au Québec.

En 1995, à l'âge de 43 ans, Micheline Montreuil a commencé à voyager habillée en femme au Canada et aux États-Unis.

J'ai donc voyagé dans d'autres provinces et à traversé la frontière américaine habillée en femme en automobile, en autobus, en train, en avion et même en bateau comme le ferait toute autre femme.

En 1996, à l'âge de 44 ans, Micheline Montreuil a prononcé une conférence en droit à l'occasion du 5e Congrès de l'ICTLEP, l'International Conference on Transgender Law and Employment Policy qui s'est tenue du 3 au 7 juillet 1996 à Houston au Texas.

En 1996, à l'âge de 44 ans, j'ai même remporté le trophée de "Miss Best Dressed" à Fantasia Fair.

Cependant, tout au long de mes voyages, je rencontrais toujours de légères difficultés pratiques compte tenu du fait que, par exemple, ma carte de crédit avec laquelle j'avais réservé mon billet d'avion et la location d'une automobile était au nom de Micheline Montreuil tandis que mon passeport et mon permis de conduire étaient émis sous un autre nom.

Au mois de septembre 1997, à l'âge de 45 ans, je décide de déposer une demande de changement de nom auprès du Directeur de l'état civil de la Province de Québec pour faire ajouter le prénom de "Micheline" sur mon acte de naissance afin de pouvoir obtenir un passeport et un permis de conduire au nom de Micheline Montreuil pour résoudre une fois pour toutes ces légères difficultés pratiques.

Éventuellement et afin de maintenir la cohérence dans mon identité, je devrai également un jour demander l'émission d'une carte d'assurance sociale, d'une carte d'assurance maladie et d'une carte de membre du Barreau du Québec au nom de Micheline Montreuil.

Le 12 octobre 1997, ma demande de changement de nom est publiée dans le journal "Charlesbourg Express".

Le 25 octobre 1997, ma demande de changement de nom est publiée dans la "Gazette officielle du Québec".

Le 20 novembre 1997, je dépose une demande de changement de nom auprès du Directeur de l'état civil de la Province de Québec pour faire ajouter le prénom de "Micheline" sur mon acte de naissance.

Le mercredi 13 mai 1998, je fais un grand pas en avant et décide de vivre ma vie en femme de manière permanente. À partir de cette date, je m’identifie uniquement comme une femme sous le nom de «Micheline Montreuil».

Le 7 novembre 2002, les Honorables Thérèse Rousseau-Houle, Jacques Delisle et Benoît Morin de la Cour d'appel du Québec rendent un jugement sous le numéro 200-09-003658-017 par lequel les juges ajoutent le prénom Micheline à mon acte de naissance, le tout avec dépens contre le Directeur de l'état civil.

C'est la fin d'une longue bataille qui aura duré cinq ans et deux mois et le début de la vie légale de «Micheline Montreuil».

Au mois d'octobre 2004, je commence à utiliser le deuxième de mes trois prénoms féminins, Anne.

En effet, j'ai toujours voulu avoir trois prénoms à mon gout qui seraient Micheline Anne Hélène pour compléter mon identité.

Le 2 mai 2008, le Directeur de l'état civil ajoute le prénom Anne à mon acte de naissance.

Le 14 octobre 2011, le Directeur de l'état civil ajoute le prénom Hélène à mon acte de naissance.

Enfin, le 9 septembre 2016, le Directeur de l'état civil ajoute les prénoms Isabelle Julie et Marie à mon acte de naissance.

Je suis maintenant officiellement Hélène Micheline Anne Isabelle Julie Marie Montreuil.

C'est la fin d'une longue bataille qui a commencé en 1997 et qui s'est terminée en 2016, soit durant 19 années.


Le mercredi 3 décembre 1997, Jean Leclerc, directeur des ressources humaines, et Louis-Mari Cormier, coordonnateur des ressources humaines, du Collège François-Xavier-Garneau à Québec où j'enseignais le droit depuis le mois d'aout 1987, me demandent de choisir entre une démission ou un congédiement au motif que j'avais été vue habillée en femme dans le centre d'achat des Galeries de la Capitale à Québec et que j'avais participé à une soirée d'Halloween habillée en femme car, selon Jean Leclerc et Louis-Mari Cormier, je cause ainsi un préjudice grave à la réputation du Collège.

Jean Leclerc et Louis-Mari Cormier me donnent un délai de 30 secondes pour prendre une décision et cela, sans aucun avis préalable malgré un dossier disciplinaire vierge en plus de dix ans d'enseignement à titre de professeure en techniques juridiques au Collège François-Xavier-Garneau et une pétition de mes étudiants en ma faveur déposée entre les mains de Jean Leclerc et Louis-Mari Cormier.

Le jeudi 4 décembre 1997, je perds mon emploi de professeure en techniques juridiques.

Le vendredi 5 décembre 1997, Micheline Montreuil commence à prendre presque toute la place car la perte de mon emploi de professeure en techniques juridiques a fait disparaitre la seule restriction majeure qui m'obligeait encore à travailler habillée en homme et qui m'empêchait de vivre ma vie habillée en femme à tous les jours. J'ai choisi de vivre pleinement ma vie et c'est en tant que femme que j'ai choisi de vivre ma vie.

Le mercredi 13 mai 1998, j'ai pris la décision de couper tous les liens avec mon passé et de faire disparaitre mon ancienne identité masculine.  Depuis ce temps, mon ancienne identité masculine n'a plus jamais parue en public.

Le jeudi 10 septembre 1998, à la suite de la sortie d'un jugement de la Cour supérieure concernant l'émission d'un permis de conduire au nom de Micheline Montreuil, des journalistes publient des articles sur ma demande de changement de nom et dans les heures qui suivent, mon histoire fait le tour du Canada. C'est le début de la vie publique et médiatisée de Micheline Montreuil.

Je n'ai jamais choisi et je n'ai jamais voulu que mon histoire devienne publique mais à la suite des articles parus dans les journaux et des nombreuses entrevues télévisées qui ont suivi la publication des articles relatifs à ce jugement, il était évident que mon histoire était devenue publique.

J'avais alors deux choix possibles : ne rien dire aux journalistes et les laisser ainsi écrire ce qu'ils trouveraient comme information ou rencontrer les journalistes pour leur donner l'heure juste et ainsi présenter une image positive d'une transgenre qui aurait pour effet de faire évoluer positivement l'image que la population se fait d'une transgenre, d'une travestie ou d'une transsexuelle.

J'ai choisi la deuxième option et j'ai accepté d'être disponible pour les journalistes car je considère que c'est la meilleure manière de faire quelque chose de positif pour la société.

Le reste fait maintenant partie de l'histoire.
 


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De Travestie à Transgenre
Dans le schéma traditionnel qui comprend la travestie, la transgenre et la transsexuelle, je peux dire que j'ai été une travestie de 13 ans à 43 ans avec toutes les nuances et toutes les restrictions qu'il est possible d'y apporter et que je suis maintenant une transgenre depuis l'âge de 43 ans.

De 13 ans à 18 ans, je suis une travestie curieuse parce que je cherche à comprendre mais je demeure cachée.

De 18 ans à 23 ans, je suis une travestie fantaisiste et peut-être même fétichiste parce que je m'amuse à m'habiller en femme mais je demeure cachée.

De 23 ans à 34 ans, je suis une travestie secrète parce que je veux être vue sans être vue. Je veux sortir mais je ne veux pas être reconnue.

De 34 ans à 40 ans, je suis une travestie sérieuse qui sort habillée en femme dans l'anonymat mais qui veut se donner une identité de femme sans savoir encore ce qu'est une transgenre.

De 40 ans à 43 ans, je suis une travestie visible qui sort habillée en femme et qui a maintenant une identité de femme.

De 43 ans à 45 ans, je suis une transgenre connue qui se découvre et qui a maintenant une identité de femme.

De 45 ans à aujourd'hui, j'ai pris des hormones pour faire grossir mes seins et je me suis soumise à des traitements au laser pour faire disparaitre des poils superflus. Je suis une transgenre reconnue qui vit de façon permanente en femme et je n'ai pas été opérée. 

Cela signifie que je travaille habillée en femme, que je sorts habillée en femme, que je voyage habillée en femme et que je m'intègre le plus possible au monde des femmes.

Aujourd'hui, toutes mes pièces d'identité sont au nom de «Micheline Montreuil».

Je suis une personne qui se sent à l'aise et j'en suis très fière et heureuse.

Cependant, cela ne veut pas dire qu'un jour j'aurai un vagin. En ai-je besoin? La réponse est non.

Je suis satisfaite de mon corps actuel et je n'ai pas l'intention d'y apporter le moindre changement dans un avenir prévisible.

Le mot Transgenre et l'échelle de Benjamin


Durant les années 90s, j'ai popularisé au Québec et au Canada l'utilisation du mot transgender et de sa version française transgenre pour expliquer ma situation personnelle car le tableau ci-dessous relatif à l'échelle transgenre selon Harry Benjamin ne présente pas ma situation personnelle.

Où suis-je dans cette échelle?

Hors échelle évidemment.

Mais c'est un effort de classification qui donne à réfléchir.

Échelle transgenre Harry Benjamin


Selon ce tableau, la classification qui se rapproche le plus de ma situation personnelle se situe entre le Type V - Transsexuel à intensité modérée et le Type VI - Transsexuel à haute intensité.

Analysons donc ma situation personnelle en regardant cette classification à la lumière des Types V et VI :

Oui, mon genre physique est féminin et c'est ainsi que je me décrits : une MTS ambulante, à savoir une «Micheline Très Spéciale». Je me sens femme à 100 % mais si mon corps n'est pas celui d'une femme génétique ou de naissance.

Oui, je vis et je travaille en femme, mais en tout temps, pas seulement si possible. Par contre, je n'éprouverai pas de grand désarroi si je dois m'habiller différemment pour différentes raison pratiques dans certaines occasions. Par exemple, je pourrais m'habiller ou me «travestir en homme» pour visiter un pays musulman qui appliquerait une politique trop restrictive à l'encontre des femmes ou des travestis, transgenres et transsexuels ou pour visiter tout pays où ma sécurité pourrait être en danger en étant encore physiquement une personne a moitié homme qui s'habille en femme.

Je ne suis pas homosexuelle : avant ma transformation, j'aimais les femmes et j'aime toujours les femmes. D'ailleurs, je me suis mariée avec une femme et j'en suis très heureuse. Sur ce point, j'ai toujours dit qu'il ne faut pas confondre le genre, le sexe et l'orientation sexuelle.

Mon genre est féminin et je me présente comme une femme.

Mon sexe est masculin car je suis née homme et que je possède toujours mon pénis. Par contre, je possède également des seins que j'ai acquis par un traitement hormonal.

Enfin, mon orientation sexuelle est toujours la même, à savoir que je suis orientée vers les femmes. Certaines personnes vont même me qualifier de lesbienne mais je ne crois pas que ce vocable me décrit parfaitement. J'ai un désir et une attraction vers les femmes, mais je ne refuse pas les compliments provenant d'un homme. Cela est toujours agréable d'entendre des compliments ou des flatteries, d'être invitée à danser, de se faire offrir un verre, de recevoir des fleurs, etc. Le terme bisexuel ne s'appliquerait pas non plus à moi car il s'adresse réellement à une catégorie de personne qui recherche des relations sexuelles avec toute personne quelque soit son sexe.

Dois-je subir une opération de changement de sexe? La réponse est Non car je
suis satisfaite de mon corps actuel et je n'ai pas l'intention d'y apporter le moindre changement dans un avenir prévisible. Par contre, si j'avais l'option d'avoir un vrai corps de femme sans chirurgie comme si j'étais née femme, je ne dis pas Non. Autrement dit, si je pouvais renaitre en femme, j'aimerais cela énormément.

J'ai apporté certaines modifications à mon corps en prenant des hormones et en recourant à l'épilation au laser, et si possible, j'aimerais perdre du poids et retrouver «ma taille de jeune fille». Cela est difficile mais pas impossible. Par contre, je ne suis pas encore au stade de recourir à la chirurgie pour perdre du poids même si j'aimerais. Seul l'avenir le dira.

Dois-je avoir des implants pour augmenter la grosseur de mes seins? J'y pense de temps à autre mais cela ne me semble pas si important bien que j'aimerais avoir de plus gros seins. Je suis ambivalente, mais cela ne constitue pas une préoccupation ou un besoin qui doit être satisfait. Encore une fois, seul l'avenir le dira.

Devrais-je avoir recours à la psychothérapie? Je ne le crois pas car je sais qui je suis. Je suis une personne avec une personnalité complexe, comme tout autre personne, mais surtout avec une personnalité différente de la majorité des femmes et des hommes «conventionnels».

Comme je le dis toujours, il y a au moins trois options ou solutions : la bonne solution, la mauvaise solution et la solution à Micheline et rien ne dit que la solution à Micheline ne pourrait pas être la meilleure solution.

Toute classification, incluant l'échelle transgenre selon Harry Benjamin, est bonne en soi comme base pour expliquer les différences entre certaines personnes mais elle ne saurait constituer la seule et unique réponse absolue à la problématique transgenre. Dans mon cas, je me sers de cette échelle pour expliquer où je suis et comment je me différencie des Types I à VI.

Dans mon cas, l'opération n'est pas forcément souhaitable mais cela pourrait être envisagé même si je n'en vois pas la nécessité. De plus, je ne renie pas mes organes mâles et il n'y a aucun risque d'automutilation ou de suicide.

Je suis qui je suis,
à savoir une «Micheline Très Spéciale».

Pourquoi vouloir à tout prix me classifier dans une classification qui ne correspond pas à la réalité?

Cela est peut être plus rassurant pour certaines personnes, mais cela ne représente pas la réalité.

Oui, il y a des femmes et des hommes dits «normaux».

Mais il y a aussi des homosexuels, des lesbiennes, des bisexuels, des transgenres, des travestis, des transsexuels et d'autres personnes avec des variations plus ou moins fortes.

Alors, acceptez cette réalité et cessez de vouloir «guérir» toutes ces personnes. La nature nous a fait ainsi.


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Les conséquence pour Micheline Montreuil d'être devenue une transgenre

J'ai perdu un emploi que j'aimais, celui de professeure.

J'ai perdu des amis ou des personnes qui se disaient mes amis.

Beaucoup d'emplois me sont fermés ou se ferment lorsque l'employeur me voit.

Les employeurs ont peur d'engager une «transgenre ou une transsexuelle» car cela n'est pas politiquement correct.

Plusieurs personnes font preuve de discrimination à mon égard.

Est-ce que je profite du beau côté des deux mondes, celui de l'homme et celui de la femme?

Pour plusieurs, je subis le mauvais côté des deux mondes.

Les chartes des droits m'accordent peut-être certains droits mais je dois me battre pour les faire respecter et cela demande énormément de temps, d'argent et d'efforts.

Même si la situation est parfois difficile, je continue à tenir fermement le cap car je sais que je vais passer à travers ces difficultés; ce n'est qu'une question de temps.

De plus, je peux compter sur le support de ma conjointe et de ma famille et cela m'est d'un grand réconfort.



Micheline Montreuil brise les barrières en tant que transgenre

Le 13 septembre 1999, j'ai commencé à enseigner au Département de biologie, de chimie et de sciences de la santé de l'Université du Québec à Rimouski.

Le 5 septembre 2000, j'ai commencé mon doctorat en droit à l'Université Laval.

Le 28 septembre 2000, j'ai été élue présidente de l'Association des étudiants et étudiantes des 2e et 3e cycles en droit de l'Université Laval.

Le 3 juin 2002, j'ai commencé à travailler à titre d'agente de recouvrement fiscal au Centre de perception fiscale du Ministère du revenu du Québec à Laval.

Le 22  janvier 2003, j'ai été élue première vice-présidente de la Section 205 - Revenu Laval du Syndicat de la fonction publique du Québec.

Le 2 décembre 2004, j'ai été élue présidente de la Section 225 - CPF MESSF Laval du Syndicat de la fonction publique du Québec.

Le 11 septembre 2006, 
j'ai été élue à titre de coprésidente de la Commission LGBT du Nouveau parti démocratique du Canada et membre du Conseil fédéral du NPD.

Le 11 décembre 2006, j'ai commencé à travailler comme avocate au Conseil de la justice administrative.

Le 31 mars 2007, j’ai été choisie comme candidate du NPD pour le comté de Québec pour la prochaine élection fédérale.

Le 10 septembre 2007, j'ai commencé à enseigner au Département des sciences de la gestion de l'Université du Québec à Rimouski.

Le 13 juin 2008, j'ai été désignée comme représentante de la Coalition gaie et lesbienne du Québec auprès de l'ECOSOC, le Conseil économique et social de l'Organisation des nations unies.

Le 23 septembre 2010, je suis devenue arbitre de compte pour le Barreau du Québec.

Le 15 avril 2011, je suis devenue formatrice pour le Barreau du Québec.

Le 17 juin 2013, je suis devenue Vice-présidente à l'information du Syndicat des chargées et chargés de cours de l'Université du Québec à Rimouski SCCCUQAR, affilié à la Confédération des syndicats nationaux CSN.

J'ai fait tout cela en tant que femme et transgenre et cela a permis d'abolir certaines barrières.

Le parcours est long et difficile mais il doit être fait et il sera fait.

Je dis, avec un sourire, qu'il faut être un homme fort et fier comme moi pour faire une femme forte et fière comme Micheline.

Je suis la première transgenre connue au Québec et c'est moi qui doit donc ouvrir les portes. Il y a cependant un prix à payer et ce prix est assez lourd, mais je l'accepte pour avoir le droit de vivre ma vie comme je l'entends.

En janvier 1933, à l'occasion d'un discours mémorable, Franklin Delanoe Roosevelt, Président des États-Unis d'Amérique de 1932 à 1945, a dit : «La seule chose dont vous devez avoir peur, est la peur elle-même.»

Winston Churchill, premier ministre du Royaume-Uni de 1940 à 1945, a dit : «Il ne faut jamais se rendre, sauf lorsque l'honneur ou le bon sens le commande».

Je vais continuer à me battre et avec votre aide, la société finira par évoluer.



 
 

Le mot de la fin

En finissant d'écrire cette page, je pense à une chanson dont les paroles et la musique sont de Guy Béart et qui me fait penser à ma situation à chaque fois que je rencontre un obstacle. Cette chanson, c'est : 
 


La Vérité

Le premier qui dit se trouve toujours sacrifié
D'abord on le tue, puis on s'habitue
On lui coupe la langue, on le dit fou à lier
Après sans problème, parle le deuxième
Le premier qui dit la vérité, il doit être exécuté (bis)

Le monde doit s'enivrer de discours pas de vin
Rester dans la ligne, suivre les consignes
À Moscou, un poète à l'Union des écrivains
Souffle dans la soupe où mange le groupe
Le poète a dit la vérité, il doit être exécuté (bis)

Un jeune homme à cheveux longs grimpait le Golgotha
La foule sans tête, était à la fête
Pilate a raison de ne pas tirer dans le tas
C'est plus juste en somme, d'abattre un seul homme
Le jeune homme a dit la vérité, il doit être exécuté (bis)
 

Merci d'être avec moi

Micheline Montreuil

 




 
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